Campagne de Valperdu - Retour à la maison
1359 : 07 Eléasis
S’appuyant sur la carte régionale subtilisée au Zhentarim, nos héros localisent d’antiques vestiges, indubitablement d’origine naine. Manifestement, de vieux comptoirs commerciaux adossés à un fortin. Le soleil est déjà au zénith. Malgré l’impatience extrême de Kasdanthur qui pousse à investiguer plus avant, le groupe fait halte pour se restaurer. Puis l’exploration méthodique reprend. Le regard de Nelson s’enflamme bientôt, tandis que ses locataires élémentaires perçoivent la proximité d’un de leur frère. Un sifflement sur leur droite fait accourir toute la communauté qui s’était espacée. Victor vient de découvrir deux immenses statues de forgerons nains de plus de trois mètres de haut.
« Bien vu, fiston ! » lâche un Kasdanthur fébrile. « La porte ne doit pas être loin. ».
Et il s’avance gaillardement vers les œuvres de ses ancêtres. Les jeunes le voient emprunter un escalier qui se termine dans la paroi. Les échelons gravis, le prêtre-guerrier s’agenouille et ses prières rauques montent vers les nuées.
Depuis leur position, les garçons sidérés voient se dessiner sur la roche le dessin de portes surmontées de deux étoiles à quatre branches et d’une enclume. Deux sortes d’écuelles de pierre émergent de la paroi.
« Eh, ce n’est pas la copie de l’étrange tatouage qui orne sa voûte plantaire malodorante ? » questionne Georges.
« Vil faquin qui nous baladait avec ses histoires de rides étranges et sans valeur quand on l’interrogeait. » s’amuse Tuskan.
« Bon allons, le retrouver avant qu’il ne fasse des âneries » prévient Gidéon.
« Je vous rejoins, je m’occupe de trouver un endroit sûr et herbeux pour les montures. Qui sait combien de temps on va errer sous la montagne. » rajoute le mage
« A condition que le bourru dispose d’un moyen d’entrer …. » glisse un Victor au sourire narquois
« Y’a intérêt. C’est à l’intérieur que ça se passe, je le sens. S’il le faut je bousille la montagne pour y entrer. » lâche Nelson le regard fiévreux. Sans remarquer les regards inquiets qu’échangent Tuskan et Georges dans son dos…
Tandis que Tuskan regroupe les chevaux, le reste de la troupe rejoint le nain. Ils trouvent ce dernier, en conversation avec des entités constituées de roche. Des élémentaires chargés par ses aïeux de garder l’accès à la mine.
« Contemplez la magnificence du hall de mes ancêtres, jeunes humains ! déclame un Kasdanthur les yeux embués de larmes.
- Le ménage laisse à désirer, ose Gidéon
- Et garde à l’esprit que cette mine, juridiquement appartient au Valplume, le vieux. Pas d’emballement, ironise Tuskan.
- Rèpète et tu tâteras de ma hache, cloporte
- Pour ça faudrait que tu saches encore courir, mais vu ton âge canonique…
- En tous cas, ça va vous coûter cher en loyer cette location, renchérit Gidéon
- Espèce de freluquet souffreteux, tu vas voir de quel bois je me chauffe, fulmine le nain
- Paix le vieux » marque Georges la main sur l’épaule du nain. « Attends d’avoir exploré, la zone avant de débiter ces énergumènes en brindilles. Ils peuvent encore te servir de pare-feu. En tout cas c’est une odyssée qui arrive à son terme. »
« Pas faux. Je vais devoir délaisser la vie d’aventurier au profit de celle de chef de clan. Au moins je n’aurais plus à entendre vos fadaises. » glousse le nain en jetant un regard mauvais aux deux lanceurs de sort
« Tu ne vas pas savoir nous abandonner le vieux. Qu’est ce qu’on deviendra sans toi ! » lance, goguenard, Tuskan
« Oui imagine dans quel pétrin on se fourrera dès que tu auras reposé la hache » ajoute Gidéon un clin d’œil appuyé en direction du mage.
« Au moins vous avez un peu de lucidité, tout n’est pas à jeter ».
« Bon on y va ou on attend la Rencontre des Boucliers. Va falloir que tu m’aides à dézinguer cette herse le nain. Le mécanise d’ouverture est, sans surprise, à l’intérieur. » s’impatiente Nelson
« J’ai mon idée sur la question » poursuit, sibyllin, Gidéon tout en farfouillant dans son paquetage.
Il s’empare d’une fiole dont il ingurgite le contenu. Quelques instants plus tard, métamorphosé en brume, il traverse la barrière sans résistance, reprend corps et actionne le levier d’ouverture. La herse se relève sans bruit comme huilée du jour.
« Travail de nain, graines de vaurien, travail de nain. »
Une découverte prudente des alentours commence. Le couloir mène à une vaste pièce baignée par un puits de lumière. Une déchirure béante d’environ dix mètres de diamètre dans son plafond en est la source. La pièce est jonchée de débris de roches, de végétation et de cadavres d’animaux et de petits humanoïdes, vraisemblablement des kobolds.
« Travail de nain, le nain, travail de nain » raille Victor
« Ose persiffler une fois de plus et je t’arrache la langue le sournois »
Tuskan coupe alors : « Arrêtez vos chamailleries, deux minutes. C’est quoi cet arbre jaunâtre près du puits, Georges ? Matez-moi ça, les squelettes sont plus nombreux encore à proximité de ses racines.
- Un hibiscus d’Aurile je dirais. Bourré d’épines. Inoffensif. Superbe floraison automnale qui perdure malgré les gelées » avance le prêtre après quelques instants d’observation.
« Sûr de ce que t’avance, gamin ? Y’a quand même un truc à l’origine de tous ses macchabés.
-Tu te fais trop de souci, le vieux. Georges a toujours été le premier en cours de botanique » assure Gidéon. Et il s’avance hardiment pour identifier les causes des décès.
A quelques mètres du tronc, il fouille le premier corps. « Eh regardez ! Il a encore sa bourse, qui sait sur quel trésor je viens de mettre le grappin. » Un mauvais pressentiment lui parcourt l’échine et, vif comme l’éclair, il effectue une magistrale roulade sur sa droite tandis qu’une volée d’épines vient se ficher dans le sol juste où il se trouvait un instant auparavant.
« Inoffensif, hein ? Foutus je sais tout » maugrée Nelson tout en chargeant en direction de l’horrible arbre.
« Attends faut le harceler de là où ses épines ne sauraient l’attendre » hurle Tuskan à son compère.
Peine perdue, le guerrier suivi comme son ombre par le nain s’élance pour le corps-à-corps. Le mage hausse les épaules et commence son incantation. Sur sa gauche, Georges fait tournoyer sa fronde. Dans le même temps, Gidéon et Victor tachent de se trouver une zone à l’abri des épines. Les projectiles mauves de Tuskan sifflent aux oreilles des combattants, les dépassent et viennent s’écraser sur le tronc. L’arbre relâche une floppée de piques plus nombreuses encore, lardant les deux compères en approche. Arrivé au pied de l’arbre, Nelson s’avise de changer de tactique au dernier instant. Au lieu d’abattre son fléau, il jette sa torche au pied de la plante, fait demi-tour et, sans écouter les récriminations offusquées du nain, l’entraîne de force hors de portée des épines malgré une nouvelle bordée.
La compagnie laisse l’arbre se consumer doucement et lui tourne le dos pour continuer l’exploration de la grotte après avoir pansée ses plaies. Kasdanthur les interpelle rapidement. Il a découvert une gigantesque forge qui se remet en route à son approche. Y percevant un signe divin, le prélat s’agenouille et récite une prière. En réalité, la forge est magique, un élémentaire y est lié et l’active. Malgré son âge, elle est toujours pleinement fonctionnelle. Il suffit de lui apporter la matière première. C’est du moins ce qu’apprend le nain en échangeant avec l’élémentaire.
Tandis que le prêtre-guerrier dialogue avec l’esprit de la forge, Nelson, consumé par l’impatience, s’éloigne explorer la zone ouest de la caverne, Gidéon sur les talons. La route qui mène à l’élémentaire qu’il convoite passe par là, il en est certain. Le dallage impeccable cède la place à un plancher naturel. Alors qu’il s’enfonce dans la grotte, ils réveillent une colonie de chauve-souris qui paniquée entrave leur progression. A peine le temps de s’extirper de la nuée qui finit par s’échapper par la cheminée naturelle creusée par l’effondrement du plafond que deux énormes chauve-souris de plus d’un mètre d’envergure passent à l’attaque. Elles ne sont que de peu de poids face au guerrier qui les exterminent impitoyablement.
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