Campagne de Valperdu - Pour qui sonne le glas
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1359 : 13-14 Flammerige
Alors que les travaux vont bon train pour sécuriser au maximum l’enceinte
du village, un stress palpable gagne ses habitants.
Le sinistre Ahn est sous séquestre dans les soubassements de l’auberge. Postes,
matériel et consignes sont distribués aux 24 valeureux soldats, dont Maria
Charron, mère d’Emmy, qui refuse de
quitter le village et son mari, se voient la lourde tâche de défendre la communauté.
Hormis nos héros, seuls 6 d’entre eux ont déjà maniés une arme et la peur se
lit dans le regard de chacun.
En milieu de matinée, l’angoisse et la tristesse montent d’un cran tandis
que les non-combattants, sous la férule de maître Anthar quittent l’implantation.
La caravane prendra la direction de Bac du Charpentier considéré comme sûr car
ne figurant pas sur le plan d’attaque pris à l’ennemi. Les adieux entrecoupés de larmes fleurissent.
Georges et Tuskan guideront le convoi pour s’assurer qu’il parvient à bon port.
L’occasion pour ce dernier de profiter de la compagnie de sa belle quelque
temps encore. Avant le départ, maître Anthar se propose d’utiliser un des
parchemins d’identification saisis préalablement par les héros pour
reconnaître les pouvoirs des objets en leur possession. Cela permet de vérifier avec certitude que
Tuskan porte un anneau de protection +1, une potion de poison
somnifère ainsi qu’un parchemin de protection contre le poison, Georges,
un bâton +1, une potion de forme gazeuse et un élixir de santé,
Victor une seconde potion de forme gazeuse, Nelson une armure de cuir
cloutée +2, Gidéon un anneau de chaleur, des bracelets de défense
CA 6 ainsi qu’une potion d’escalade et Kastandthür une potion
d’héroïsme. Forts de ses informations précieuses chacun s’attelle aux
tâches qui lui ont été assignées. Sous un soleil de plomb le bruit des outils
résonne au cœur du hameau. Différents pièges sont mis en place aux points
stratégiques.
En milieu d’après-midi, un corbeau au comportement étrange semble narguer
la petite troupe. On jurerait qu’il repère les défenses qui sont mises en
place. Sachant que le diablotin du mage noir adore prendre la forme d’un
corvidé, nos héros, sans alarmer leurs concitoyens guettent l’occasion de le
cribler de projectiles. Mais le « volatile » semble calculer
malicieusement la portée le tenant hors de portée des traits des jeunes
garçons. Résignés, ces derniers se contentent d’attendre que la lassitude s’en
empare et qu’il retourne sous d’autres cieux.
La journée se déroule sans autre fait notable, et, nerveux, les défenseurs
prennent un repas frugal en commun tandis que la nuit envahit le ciel. Chacun
se dirige la mine sombre vers le point de défense qui lui a été assigné. La majorité des héros, les plus âgés et ceux
qui savent manier une lame se sont répartis sur 5 barricades situées aux points
névralgiques du village. Le poste de défense nord-ouest, considéré comme le
point le plus exposé, abritera notamment Nelson, Gideon et Tuskan. Sonia et
Kastandhür seront postés sur la redoute de l’auberge afin d’asperger l’ennemi
de traits mortels. Les plus jeunes encadrés par Georges et son mentor formeront
la dernière ligne de défense pour permettre de combler d’éventuelles brèches,
de livrer une ultime résistance et d’éventuellement fuir sur le lac. Chaque
groupe est équipé de cors et d’un code lui permettant de transmettre des
informations basiques à ses comparses.
Alors que s’épaissit la nuit, des tambours et des clameurs montent au
loin. Chacun s’en remet à ses dieux et se raccroche à ses armes à s’en blesser
les phalanges. Bientôt de grandes flammes colorent le nord-ouest, la ferme de
Nelson est la proie des flammes, suivie rapidement de celle de la famille
d’Emmy. Des explosions sourdes marquent l’explosion de la distillerie d’eau de
vie du village. Devant les yeux embués de larmes de son camarade d’enfance,
Tuskan lui promet qu’on rebâtira le tout tous ensemble. Nelson les traits figés
opine du chef, mais avant il va leur faire payer la monnaie de leur pièce. A sa
dextre, la mère d’Emmy, résignée, rappelle les deux garçons à leur devoir.
« D’abord la défense, on parlera reconstruction ensuite. Quant à toi,
jeune homme, si marier ma fille fait partie de tes objectifs à moyen terme,
t’as tout intérêt à te montrer à la hauteur ce soir !» lâche t-elle à un
Tuskan abasourdi. Ce dernier déglutit et lâche un oui madame à peine audible
dans le vacarme nocturne.
Le tumulte se rapproche lentement, chacun ressasse intérieurement les
consignes assignées et récite des psaumes qui à Chauntea, Tempus, Lathandre ou Azouth.
Soudain tout cri cesse, l’attente se fait de plus en plus insupportable. Avant qu’une énorme clameur lance les
hostilités. Dans un même élan, trois des postes de défense sont assaillis
simultanément à l’ouest, au nord-ouest et au nord-est. Les projectiles fusent
appuyés des projectiles magiques de Tuskan. Les premières lignes d’assaillants
qui montent à l’assaut avec des échelles rudimentaires sont fauchés comme les
blés entraînant dans leur chute les confrères qui les suivaient de près. Mais
très vite le nombre leur permet de franchir les frêles palissades et de furieux
corps-à-corps se diffusent. Le fracas du métal se mêle aux râles des blessés.
Tandis
que la situation semble sous contrôle sur les remparts ouest et nord-ouest, là
où nos villageois ont concentré leurs principales forces, un cor retentit plus
à l’est. Le père de Nelson est en détresse. Sa hargne ne peut rien face à
l’immense créature qui a pénétré l’enceinte. Un ogre furieux balaie les
défenseurs devant lui comme fétus de paille. N’écoutant que son instinct
filial, Nelson rompt le combat pour se porter au secours de son paternel,
Gideon sur les talons. Sidérés, depuis leur passerelle de tir, Tuskan et Maria
voient leur ligne de défense se liquéfier…. N’écoutant que son courage, Tuskan lâche sa
fronde, utilise son ultime magie pour se draper d’un bouclier et après avoir
demandé à Maria de couvrir ses arrières, part intercepter le nouvel orque qui
franchit l’enceinte. L’écu élementaire lui permet d’esquiver le furieux assaut
et, guidé, par Tymora, il assène un vibrant coup de bâton en pleine face de son
assaillant qui s’écroule lentement sous ses yeux. Mais l’heure, n’est pas à
crier victoire, un nouvel adversaire saute depuis la hauteur et bondit la
bave aux lèvres à la curée. Les deux protagonistes, se neutralisent et Tuskan
jurerait entendre murmurer Beshaba à son oreille tandis qu’un second adversaire
se précipité pour soutenir son frère d’armes. Ployant sous les coups, notre
héros cède du terrain, priant Mystra que son sortilège le protège jusqu’à un
éventuel retour de ses amis. C’était sans compter sur la brave Maria qui dans
un hurlement se jette dans la mêlée. A égalité le combat semble changer d’âme.
Maria occis promptement son adversaire tandis que l’assaillant survivant tourne
les talons et gagne son salut dans la fuite. Exténué, le jeune mage le laisse
repasser la barrière et, le souffle coupé, remercie Maria de l’avoir sorti du
guêpier qui le menaçait.
« Je n’allais pas laisser mon futur beau-fils glaner tous les
honneurs » réplique la matrone dans un sourire. Interloqué, mais ravi, le
lanceur de sort, lui adresse en retour un chaleureux regard.
Un peu plus à l’ouest dans le même temps, Hegger et les hommes qu’il commande ont assez facilement repoussé la vague ennemie qui s’était présentée.
Alors qu’ils se dirigent à la rencontre des deux religieux de la communauté, le
sol se met soudainement à devenir extrêmement glissant. Alors que chacun tente
de se maintenir comme il le peut, un nuage pestilentiel obscurcit la zone, la
rendant irrespirable. Rampant lentement pour s’extirper du nimbus, Hegger est victime
de l’attaque du diablotin. Georges l’oblige à prendre la fuite et les combattants
parviennent à s’éloigner des miasmes. Le jeune prêtre décide de quitter le
périmètre de repli pour alerter ses camarades que le mage noir a pris par à la
bataille. Il se dirige vers le nord ou la clameur des combats est la plus
forte.
Dans l’intervalle, Gidéon et Nelson, parviennent à proximité des postes
de défense nord et nord-est. Si la situation est délicate, elle n’est pas
catastrophique. Bousculées par des forces supérieures en nombre et en
puissance, une partie des défenseurs a opéré un mouvement de retraite et évacué
les blessés vers le ruisseau qui coupe le village et commence à en bloquer l’un
des ponts qui l’enjambent. Le père de Nelson et un autre brave tâchent de
ralentir les assaillants. Mais confrontés à un ogre leur situation semble des
plus précaires, d’autant que la ligne cédant, de nouveaux orques prennent pied
dans l’enceinte. Avant que Nelson ne se rue dans la mêlée, Gidéon invoque la
magie pour le faire grandir et gagner en force. Un combat de titan s’engage
alors tandis que les deux « géants » se défient avant de foncer tête
baissée dans un assaut frontal. Le choc est brutal, les coups pleuvent. La
férocité des deux protagonistes est terrible, mais Nelson, bien que salement amoché,
prend l’ascendant sur son adversaire. Georges fait irruption à se moment pour se
retrouver complétement paralysé sur le sentier, incapable de bouger le petit
doigt. Les orques comptent un lanceur de sort ! Avisant l'étrange épée qu'il manie, Gidéon, choisit la méthode
subtile pour s’en prendre au shaman en le contournant, tandis que le père de Nelson
refusant de passer le pont courre sus aux orques qui envahissent le périmètre.
Les chiens ne font pas des chats !
Au sud, à l’entrée du village, la situation calme jusque-là bascule
soudainement. Une troupe ennemie a contourné le village et tente de forcer les
portes. Les combattants font face vaillamment, mais saisi de l’hybris de
Gargarauth, Folcher, le père d’Emmy, se laisse entraîner par les moulinets de
sa propre arme et bascule au-dessus de la palissade pour se rompre le cou deux mètres plus bas. Son comparse, cède face à la horde et courre chercher refuge dans le second
périmètre défensif, les orques à ses trousses. Les jeunes retranchés derrière
les barricades improvisées, ne cèdent pas à la panique et, mené par un Tregor
Drezor galvanisé, arrosent leurs assaillants de flèches, brisant nette leur
charge.
Tandis qu’au nord, les derniers adversaires achèvent de prendre la fuite
et qu’un silence précaire envahit les lieux, Tuskan qui revient au centre du
village analyser la situation, adresse un signe envers Sonia et Kastandhür qui
surplomblent la communauté pour les assurer que tout est sous contrôle. Son
sang se fige lorsqu’il réalise que la silhouette qui se découpe au sommet de
l’auberge et celle d’un mage noir, bien trop connu, un diablotin sur l'épaule.
Lançant l’alerte de son cor, il fonce au secours de ses deux amis. Sans sort
face à un mage beaucoup plus puissant et protégé par un démon, ses chances sont
infimes, analyse t-il amer tandis qu’il avale les escaliers de la tour. Parvenu
au sommet, il trouve le lieu déserté par le vil mage. Celui-ci visiblement à
court de sortilèges et se sachant découvert a préféré vider l’endroit. Mais la mère de Gidéon
et le nain se vident de leur sang, une cicatrice leur courant le long de la
gorge. Peu habitué des premiers soins, le mage lance une imprécation à Chauntea
et tente de son mieux de stopper les hémorragies. Son intervention sauve
Kastandür, mais la vie quitte inexorablement Sonia. Hurlant à l'aide, Tuskan
tente le massage cardiaque et les gestes pour retarder l’inéluctable.
L’irruption du prêtre du village permet d’éviter l’irréparable.
La horde a été repoussée, le village est sauf. Un décès est à déplorer. Alors
que le compagnon de barricade de Folcher se lamente sur la façon dont son
voisin a péri, Tuskan soucieux de le voir laisser une belle image à la
communauté lui intime de garder pour lui les détails de la mort et d’en rester
à une mort héroïque face à l’ennemi.
Chacun
tâche de récupèrer comme il le peut. Sur l’ogre et le shaman sont saisis une
bardiche faite d’un bois d’ébène et d’un métal bleuté ainsi qu’une étrange et
sombre épée courte à la lame noire veinée de rouge. Ce butin sera analysé plus
finement plus tard. Sondé par Trévor, Tuskan l’assure que le groupe se lancera
dès le lendemain sur les traces des ogres qui ont capturé ses proches.
Alors
que les directives sont distribuées, un bruit de galop se fait entendre. Chacun
se saisit de ses armes et fonce vers la porte du village d’où proviennent les
bruits. Stupéfaits les défenseurs contemplent une troupe de cavalerie elfique
en armure rutilante menée par Horgon. Interrogé ce dernier leur apprend que
l’alerte diffusée par les garçons lui a permis de décider les elfes à se porter
au secours du village. « Aide
inutile ! » fanfaronne Nelson. Sa couverture envolée, Horgon annonce
qu’il quittera prochainement la région, il a de plus donné parole aux elfes de
les accompagner en contrepartie de leur soutien. Georges et Tuskan ne peuvent
qu’éprouver un pincement au cœur à l’idée de ne plus voir leur ami. Invités à
goûter à l’hospitalité du village, les elfes déclinent et sans avoir ouvert la
bouche rebroussent chemin pour disparaître bientôt à l’horizon en
compagnie de l’ermite du village.